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ACTUALITÉS ET ARTICLES

EXTRAITS D'ARTICLES et LIENS POUR LES LIRE EN ENTIER 

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NICOLAS NABAJOTH

« ANIMA »… ou « ANIMÂLES » ?

Parce qu’il a fait le choix, à travers 17 photographies, de ne retenir que des portraits de femmes noires, Nicolas NABAJOTH avait-il comme seul objectif de magnifier la beauté des femmes de couleur ?

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EMERGENCE DU NET ART EN GUADELOUPE

Certes, l’apparition de nouveaux médias a, de tout temps, offert de multiples possibilités créatives aux artistes. Néanmoins est-il légitime, pour un artiste caribéen, de recourir à un outil, fruit d’une technologie occidentale et entaché de « colonialité », qui perpétue un rapport de pouvoir entre dominants et dominés ?...

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ADAM, EVE ET LA POMME

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Les trois panneaux de ce triptyque forment ici un ensemble que l’on ne peut dissocier. En témoignent les “raccords” d’un tableau à l’autre entre les hautes herbes et l’Arbre de la Connaissance, pour moitié pommier (sur le panneau central où figure le Serpent) et pour moitié manguier. L’action représentée, le moment où Adam va croquer le fruit, est décomposée en trois instants distincts, à la façon d’une bande dessinée : Eve donne le fruit à Adam ; Adam l’accepte en se rapprochant de sa compagne, lui passant un bras sur l’épaule dans un geste de tendresse ; il porte enfin le fruit à sa bouche.

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ALICE DEMOLY

Images mentales d'une artiste discrète

(...) Les œuvres de cette artiste ne relèvent nullement de ce qu’il est convenu d’appeler des « paysages » traditionnels, traduisant plutôt des « paysages intérieurs ». A la différence d’Edward Hopper dont l’œuvre rend compte, elle aussi, d’un sentiment de solitude, celui que l’on peut éprouver en vivant à New-York, chez Alice Demoly aucun élément ne permet d’identifier un lieu précis -quand bien même apparaissent des palmiers-, ni même une époque. Ses « tableaux » se situent hors du temps et de l’espace. L’artiste s’emploie à effacer toute référence au réel, à commencer par la suppression de ce qui pourrait évoquer son action de peindre, occultant, par une peinture lisse, dénuée de pâte et comme dématérialisée, toute trace laissée par le pinceau. 

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MISTER CO

"Femme, enjeu sociétal"

Corentin Faye est né en Basse Casamance, à Bignona. Par ailleurs musicien, il peint professionnellement depuis 2000, ayant installé son atelier sur l’île de Gorée, dans l’ancienne résidence du Gouverneur de la Colonie française. En 2018, à Puteaux au Petit Club Africain, son exposition s’intitule déjà « Gorée la métisse ». L’année suivante nous le retrouvons en Guadeloupe, à Saint-Claude, sa femme y travaillant. Il expose en duo, avec Gabriel Baptiste, à Bouillante, en février-mars 2021. L’exposition d’une bonne trentaine de toiles de tout format, est la seconde qu’il présente en solo, à la Galerie l’Art s’en mêle...

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LE (DÉ)PLAISIR

"Esthétique plaisante, l’art de déplaire, (dés)enchantement esthétique",
Colloque du CEREAP, 14/11/2021

(extrait : (dé)senchantement esthétique)

Jusqu’en 1996 le travail d’Ernest Breleur s’inscrit dans la lignée du groupe Fwomajé dont il fait partie. Ses toiles font référence à l’Afrique. Conscient que cette Afrique, totalement phantasmagorique, est un lieu commun de la question identitaire et qu’« il faut se débarrasser des pratiques qui se voudraient locales », il décide d’entreprendre la recherche de sa propre contemporanéité. Et ce, en s’emparant de deux problématiques, celle de la mort et celle du corps. Une problématique qui était celle de Benito mais que Breleur va aborder de façon radicalement différente : organe du plaisir, Breleur positionne le corps en lien avec la mort, sa disparition, sa « liquéfaction ».

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ABEL TECHER ET LE LAPIN BLANC

Paris, Galerie Maëlle, mars 2020

« Qui es-tu lorsque personne ne te regarde ? » C’était le titre que la Galerie Maëlle, à Paris, avait choisi de donner, en janvier 2017, à une exposition collective consacrée à la présentation de cinq jeunes artistes, dont le réunionnais Abel Techer.
Un titre prenant la forme, alors, d’un questionnement. Pour cette exposition personnelle que la Galerie Maëlle lui consacre, du 6 février au 20 mars 2020, le titre est tout aussi direct : « I call you from the crossroads ». Mais un glissement significatif s’est opéré. On constate, en fait, le passage d’une interrogation faite par une personne extérieure s’adressant à l’artiste, à une prise de parole de celui-ci à la première personne. Le défi qui consistait à prendre la liberté de révéler son MOI, en toute franchise et sans masque, évoquait déjà la volonté de se mettre à nu comme Jean-Jacques Rousseau l’avait fait dans ses Confessions. Or, cette nouvelle exposition ajoute au « Qui es-tu ? » initial, la référence symbolique du lieu dans lequel se trouve l’artiste « from the crossroads ».
La « croisée des chemins », indique à la fois un croisement et des directions qui s’opposent. Mais cette « croix », la figure du X, est un symbole polysémique. Elle peut désigner l’interdit, comme elle peut tout autant être utilisé pour désigner le chromosome qui va déterminer le genre, féminin (XX) ou masculin (XY). L’X, c’est aussi l’inconnu. L’artiste, qui se dit être « à la croisée des chemins », serait donc positionné à un carrefour, face à deux orientations opposées.  Soit aller tout droit, dans une direction convenue. Ou bien, prendre un chemin de traverse, obliquer pour prendre une voie détournée, une piste non aménagée. Enfin, n’oublions pas que le carrefour est traditionnellement, dans les contes en particulier, un lieu magique, propice au surgissement d’êtres maléfiques...

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ALAIN JOSÉPHINE EN QUÊTE DE BEAUTÉ HAUTIÈRE

Galerie Cazanove, 2 avril au 6 mai 2012

Alain JOSEPHINE est à la fois peintre, musicien et poète. Ses toiles sont bruissantes de luminescences comme celles de TUNER, vibrantes et fluides comme la musique de DEBUSSY, animées d’un souffle épique d’une ampleur qui n’a d’égale que celle de la poésie de SAINT JOHN PERSE. Nous nous trouvons donc en présence d’un artiste qui, refusant la séparation des genres, souscrit aux principes d’Errance et de Relation chères à Edouard GLISSANT. De fait, ses toiles de très grandes dimensions et organisées souvent en diptyques, nous invitent à pénétrer dans un espace en extension, un espace ouvert sur l’Infini ; celui dans lequel l’étincelle créatrice en décrétant « Que la lumière soit ! » donna vie à la matière ; mais celui également d’un univers en construction, en devenir. D’où cette tension très sensible entre traversée d’espaces dilatés et aventure spirituelle. Une tension qui tend à la réconciliation de l’Etre avec le monde et avec le cosmos. A une reconquête également de l’être-au-monde. Le travail d’Alain JOSEPHINE témoigne de l’itinéraire personnel qu’il poursuit, cherchant à concilier l’énergie dont son être est porteur avec l’élan vital dont témoignent les éléments primordiaux, la terre, le feu, l’eau et les vents.

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LES HUNT AU MUSÉE SCHOELCHER DE GUADELOUPE

« Toute culture naît du mélange, de la rencontre, des chocs. A l’inverse, c’est de l’isolement que meurent les civilisations. (...) Nous assistons à la fin de l’idée de l’art comme contemplation esthétique et revenons à une vérité oubliée de l’Occident : le sens de l’art comme action et représentation collectives ». Octavio PAZ

La représentation du crâne, dans l’histoire de la peinture occidentale, se rattache à un genre, celui des « vanités », apparu au XVIIème siècle. La méditation sur la mort et la brièveté du temps (memento mori ) est alors destinée à détourner le pêcheur de la poursuite, ici-bas, des fausses valeurs matérielles -la richesse, le pouvoir, la célébrité, les plaisirs des sens-, afin de l’amener à se préoccuper du salut de son âme.
Jean-Marc HUNT, comme Damien HIRST et d’autres artistes contemporains, s’empare de ce motif, pour le détourner en engageant, par le biais de l’humour, une réflexion critique sur nos sociétés et sur la place de l’œuvre d’art au sein de celles-ci. Le motif du crâne est d’ailleurs un thème récurrent dans l’œuvre de cet artiste, motif que l’on retrouve dans les graffitis de sa série « Street », très récemment dévoilée dans son atelier. 

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UNE ESTHÉTIQUE DU TROUBLE : LES SCULPTURES DE FRANÇOIS PIQUET

Recherches en Esthétique N°17, "Le Trouble", nov. 2011, p. 180 à 189

La première exposition individuelle des œuvres sculptées de François PIQUET a eu lieu fin janvier 2010 à à l’ARTCHIPEL, Basse-Terre.  Avec le titre le Fer et la Peau (Fè et Po). J’ai tenté, à chaud, de rendre compte de l’univers très particulier qui s’en dégageait dans un article : « L’univers trouble de François PIQUET1». Adoptant une démarche plus réflexive, je m’efforcerai de comprendre comment la notion de « trouble » rend compte du travail de cet artiste vivant en Guadeloupe. Partant d’une réflexion lexicologique sur ce terme et sur les implications esthétiques qui en découlent, je m’efforcerai de retracer le parcours original et la démarche artistique de cet artiste...

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ANTOINE NABAJOTH : « LE GRAND ÉCART ».

De la mairie des Abymes à l’Habitation Clément, janvier 2013

Du 2 au 23 décembre, Antoine NABAJOTH exposait 19 tableaux de petit format à la mairie des Abymes, en Guadeloupe, dans le cadre de la fête patronale de la commune dont il est originaire. Le 21 de ce même mois, une seconde exposition lui permettait d’accrocher, dans la Case à Léo de l’Habitation Clément en Martinique, 28 toiles, dont 18 de grand ou de moyen format. Un véritable grand écart.

Plus qu’une ligne droite permettant de relier deux espaces géographiquement distants, il s’agit là d’une démarche  symbolique. L’artiste met bout à bout deux univers ayant des positions contraires : celui de la case et celui de l’habitation, mais aussi celui d’hier et celui d’aujourd’hui. Parallèlement, il effectue un déplacement physique de ses œuvres les plongeant dans un milieu différent, opérant de la sorte un  écart, un bond de côté qui s’apparente au bigidi.

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La somme de toutes les douleurs, acrylique sur toile, 150 x 100 cm, crédits photogr. Sylva

AYA NDA

"Contrariétés", janvier-février 2018, La Véranda, l'ATRIUM, F-de-France

Contrariée, Aya le fut en choisissant la médecine plutôt que les Beaux-Arts. Mais, comme l’a écrit André Gide, dans son Journal, « cela seul vous éduque vraiment, qui vous contrarie ».

 Ainsi, habitée par une passion, peut-être transmise par une grand-mère collectionneuse d’art nègre, Aya est pugnace. Arrivée en Guadeloupe, son diplôme d’anesthésiste en poche, elle relève le défi et entreprend alors une formation. Avec la peinture, elle revendique ses origines de femme africaine, s’inspirant des motifs des tissus de leurs pagnes. Depuis l’indépendance, la situation de l’art en Côte d’Ivoire a évolué et une génération d’artistes est apparue sur la scène internationale, avec Michel Kodjo, Stenka et Ernest Dükü. Aya décide d’allier traditions africaines et expérimentations contemporaines. Elle s’invente une fabrique originale et introduit dans ses peintures, parallèlement à des mots, bouts de phrase, articles de journaux et images, des symboles Adinkra ou Bogolan qui viennent les contrarier, poétiquement, leur opposant une sagesse cryptée. Réalisés à plat, ces « tissages » autorisent la « rencontre fortuite, sur une table de dissection, d'une machine à coudre et d'un parapluie », souhaitée par Lautréamont. Aya se différencie de Valérie John et de ses « Voyage(s) dans mes silences ». En énonçant, à travers ses pagnes, ses contrariétés -mais aussi ses Fêlures de l’âme-, elle se positionne ouvertement comme une artiste engagée.

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FRANÇOIS PIQUET : POSSIBLES RÉPARATIONS

Saint-Claude, Habitation Beausoleil, mars-avril 2016

La pratique d’un artiste est forcément ancrée sur le lieu dans lequel il vit et travaille. François Piquet a fait sienne la culture de la Guadeloupe dont il nourrit ses œuvres, creusant, au fil des ans, une approche dont témoignent les titres de séries, telles que  « Les Archipels du moi » ou encore « Jean de souche ». Une immersion au sein de laquelle il conserve une posture originale, à la fois distancée et critique par rapport à l’illustration convenue de revendications identitaires.
Ainsi les œuvres de François Piquet que nous avons eu l’occasion de pouvoir admirer, s’interrogent et nous interrogent sur les mentalités de ses concitoyens pour en pointer -avec compassion- les blessures, tout autant qu’il en expose -avec humour- les contradictions et les failles. S’il s’engage, loin de tout dogmatisme sectaire, dans la défense de causes communes, il pense que l’art doit permettre de surmonter les drames du passé en laissant entrevoir les contours d’une utopie qu’il veut croire possible.

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MICHEL ROVELAS, MYTHOLOGIES CRÉOLES

Basse Terre, l'ARTCHIPEL, juin-juillet 2013 : «  les anciens toujours existants et bien vivants »

"Un peuple qui ne sait plus interpréter ses propres signes, ses propres
mythes, ses propres symboles, devient étranger à lui-même, perd foi en son destin. »
Jean-Marie Adiaffi, La Carte d’identité, Hatier, Paris, 1980.

Michel Rovelas expose, avec la régularité qu’il s’est lui-même imposée, tous les deux ans.
Sa dernière exposition remonte donc à 2013 et il nous faudra patienter une année de plus pour la prochaine, qui ne manquera pas de nous étonner, comme ce fut le cas pour celle-ci. Et comme l’étaient les précédentes.
« Les anciens toujours existant et bien vivants »… Nous comprenons sans mal que la formule s’applique aux ancêtres des Guadeloupéens, esclaves. Toutefois ce titre ne pourrait-il tout autant s’appliquer à l’artiste lui-même ?

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NOU TOUTTT FOU

Exposition de Peintures et Film
Christian SABAS et l’Atelier du non faire

« Nul n’a jamais écrit ou peint, sculpté, modelé, construit, inventé, que pour sortir, en fait, de l’enfer ».
Antonin Artaud, Van Gogh, le suicidé de la société, 1956

Est-ce le fait de vivre en contact avec la folie qui a fait de Christian Sabas un révolté ?
A moins que le fou ne soit que le nom donné par la société à celui qui en refuse les codes ?
Et si les fous, c’étaient nous. Nous qui nous croyons sages, refusant d’admettre que nos certitudes ne sont qu’illusions trompeuses.
Dans une annexe de l’hôpital Maison Blanche, Pavillon 53, Christian Sabas tournant le dos aux soins psychiatriques traditionnels, ouvrit un atelier artistique destiné aux personnes en souffrance.  C’était en 1983.
L’Atelier du non-faire.
Un atelier de pratique, pour le plaisir de s’adonner à une pratique sans finalité. Dans une posture de gratuité, délibérément en rupture avec les dictats de productivité et de la rentabilité de nos sociétés post-capitalistes.

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 DOUZIEME BIENNALE D'ART CONTEMPORAIN A CUBA 

"La Havane s’autorise à la fois l’extra et l’ordinaire", Recherches en Esthétique N°21, janv. 2016, "La réception de l'art.

« Tu n’as rien vu à La Havane… », ne risque-t-on pas de me dire, comme se le voit dire de façon lancinante Emmanuelle Riva dans le film d’Alain Resnais « Hiroshima mon amour ». A quelle prétendue connaissance de la 12ème Biennale une semaine  passée à La Havane, du 21 au 28 mai 2015 peut-elle conduire ?
Je suis parfaitement consciente du fait que « voir » n’est pas « connaître ». Néanmoins, ne puis-je me prévaloir du thème choisi pour cette manifestation cette année,  « Entre l’idée et l’expérience », pour justifier une démarche empirique cherchant à rendre compte de ce qui ne prétend être qu’un regard particulier porté sur cette Biennale ?

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MICHEL ROVELAS : LE MINOTAURE

   « Entre jouissance et effroi », 17 dessins érotiques, in Recherches en esthétique N°21, La Réception de l'Art.

En juin 2013, sollicité par l’Education nationale pour intervenir lors d’un Séminaire organisé sur le thème « Mémoire et Education », Michel  Rovelas affirmait : « En se comportant comme des hommes sans mémoire nous avons réussi  à mieux manger, à mieux nous habiller, à assainir nos espaces de vie. Nous avons appris à apprendre. Mais aujourd’hui encore, force est de reconnaître que nous n’avons pas dit grand-chose, de nous mêmes, ni des autres, de ce que nous sommes ».
Cette affirmation n’est-elle pas paradoxale alors même que les artistes  ne cessent de s’interroger sur  leur origine et le traumatisme  provoqué par l’esclavage, au point de susciter parfois la saturation?    Par delà les clichés attendus, « Que sommes-nous réellement ?» semble se demander le peintre qui semble bien décidé à exprimer un non-dit, quelque chose  d’intime et de difficile à reconnaître.  La mythe du Minotaure, va alors lui donner la clé pour répondre à l’injonction du philosophe grec, « Connais-toi toi-même ». Et cela dans une  exposition intitulée « Mythologies créoles, les anciens toujours existants et bien vivants », présentée du 15 juin au 6 juillet 201 à l’Artchipel de Basse-Terre.

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STONKO LEWEST

Les processus de reconfiguration dans l’art caribéen : Guadeloupe, Haïti, Jamaique, éd.l'Harmattan, 2017.

Ce livre est la version grand public d’une thèse de doctorat dirigée par Dominique Berthet et soutenue en 2015 à l’université des Antilles. L’auteur, José Lewest, professeur d’arts plastiques en Guadeloupe, est parallèlement plasticien comme en témoigne l’illustration de la 1ère de couverture, signant ses œuvres du nom de Stonko. C’est dire que cet ouvrage répond à un double questionnement. Celui d’un artiste s’interrogeant sur sa pratique artistique et tentant de la situer au sein d’une histoire de l’art en Guadeloupe. Une histoire qui restait à écrire et nécessitait, pour ce faire, d’insérer cette même histoire au sein d’un ensemble plus vaste, s’étendant à « l’art caribéen ». C’est aussi dire combien la venue d’un tel ouvrage comble un vide et va répondre aussi bien aux attentes des plasticiens, qu’à celles des amateurs d’art.mage. C’est l'endroit idéal pour ajouter une description de l'image affichée dans cette section, et quelques mots sur votre entreprise, votre site ou votre activité. Employez un ton amical et informel pour engager le plus d'utilisateurs possible !

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« Ceux qui sont morts ne sont jamais partis : ils sont dans l’Ombre qui s’éclaire et dans l’ombre qui s’épaissit. »
Birago DIOP, Les Souffles des Ancêtres, Présence Africaine, 1960.

Faut-il croire à une quelconque prédestination qu’imposerait l’onomastique ? Le cas de Jérôme SAINTE-LUCE est troublant. Déjà doté d’un patronyme, Luce, renvoyant à la lumière, le prénom qui lui fut donné, Jérôme, renforce les connotations sacrées initiales (Jérôme étant formé de hieros, qui signifie sacré, et de onoma, le nom). S’est-il senti investi d’une mission particulière, celle de redonner à l’art une dimension spirituelle ?

Jérôme SAINTE-LUCE est un jeune artiste originaire de la commune de Trois-Rivières, haut lieu archéologique. Il a donc baigné, dès son plus jeune âge, dans un environnement culturel où les Arawaks et leur façon de percevoir le monde étaient très présents. Les nombreux pétroglyphes laissés sur des roches gravées témoignent du sens artistique de ces premiers habitants. Jérôme SAINTE-LUCE, s’il emprunte leur thématique fait plus que se positionner comme leur digne héritier. Et s’il s’intéresse à l’art pariétal n’est-ce pas pour tenter de percevoir quelle pourrait être la fonction de l’art aujourd’hui ? 

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HENRI TAULIAUT

Installation "Parade nuptiale", L'ARTOCARPE, novembre 2012 

Henri TAULIAUT décide d’aménager l’espace, de le reconstruire pour rendre compte de son univers intérieur, mais aussi de son époque. D’emblée s’impose, avec le nécessaire déplacement du public, la notion de mouvement. Dans un espace théâtralisé, le public va se voir mis en scène. Il devra effectuer un parcours le conduisant à la Parade amoureuse. Une Carte du tendre contemporaine en quelque sorte, c’est-à-dire un parcours initiatique conduisant à l’accouplement, selon une scénographie qui se confond avec un rituel d’approche. La dramaturgie plastique ne peut alors échapper à un déroulement en trois actes, correspondant aux trois étapes successives de la conquête amoureuse : l’approche, la rencontre et la jouissance dans laquelle plaisir sensuel et esthétique se confondent.

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THIERRY ALET VOLEUR DE TÊTES

La collection de têtes de Facebook

André BRETON collectionnait les masques africains. D’autres peuvent s’enorgueillir de posséder une galerie de portraits de leurs ancêtres. T(hierry ALE)T est un voleur de têtes. Un artiste « serial killer » à l’imagination toute puissante et qui n’en fait qu’à sa tête. Un véritable Barbe-bleue qui détient, dans son cabinet de curiosités une fabuleuse (et assez mystérieuse) collection de têtes. Des têtes « cou coupé » et qui rient étrangement… face à la Mort. possible !

Avoir choisi de dévoiler une partie de sa collection ce 21 janvier 2010 dans sa galerie T § T de Basse-Terre  n’est pas anodin. T a-t-il toute sa tête ? Une telle date, qui coïncide avec le déclenchement des 44 jours de grève en 2009, se situe dans la période du Carnaval, à dix jours à peine du désastre d’Haïti. Le choix d’une telle date, qui associe trois évènements aussi disparates, ne revient-il à convier pour l’exposition, de façon oxymorique, le Rire et la Mort dans ce qui pourrait s’apparenter à une Danse macabre ? Les Grecs le savaient, les Dieux se rient du malheur des hommes…

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MICHEL GOGNY-GOUBERT,
OU LE « RÉALISME POÉTIQUE » EN PHOTOGRAPHIE

Galerie Michèle CAZANOVE, GOSIER,    7-8 Avril 2016.

« Il paraît qu’en latin « photographie » se disait « imago lucis opera expressa », c’est-à-dire image révélée, « sortie », « montrée », « exprimée […] par l’action de la lumière ».
Roland BARTHES, La Chambre claire. Note sur la photographie,
Si Michel Gogny-Goubert ne dévoile qu’aujourd’hui une partie de ses œuvres, son intérêt pour la photographie est très, très ancien. Pourquoi ce « scientifique », libéré de ses contraintes professionnelles, ne pourrait-il aujourd’hui s’inventer une autre identité et se rêver « artiste » ?

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CRITIQUE ET ENGAGEMENT

(...) Parodiant Simone de Beauvoir, on pourrait dire qu’on ne naît pas critique mais qu’on le devient. Et que la première des conditions à remplir pour qui se veut critique est d’éprouver un amour sans bornes pour l’art sous toutes ses formes. Mais vibrer devant les œuvres d’art ne constitue pas un engagement suffisant. Le pas est franchi lorsque de contemplateur l’amateur d’art « éclairé » décide de faire partager sa passion et pour cela d’avoir recours à l’écrit. On ne devient donc pas critique d’art parce que l’on est un artiste raté mais parce que l’on est à la fois passionné par l’art et que l’on exerce l’art de l’écriture. Est-ce à dire que le critique est lui aussi un artiste ? Comme ce fut le cas pour Diderot et Baudelaire, l’écriture critique peut permettre d’accéder à une reconnaissance comme écrivain...

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JÉRÉMIE PAUL, « OPALINE ET VÄYOU »

Galerie Maëlle, Paris, 8 janvier-6 février 2016

« Une errance enracinée »
« Le monde est grand mais en nous il est profond comme la mer ».
Rainer Maria RILKE.

« L’imagination crée à l’homme des Indes toujours suscitées »1
Edouard GLISSANT


Les origines guadeloupéennes, et donc multiples comme tout Créole, de Jérémie PAUL peuvent-elles expliquer la singularité d’une démarche artistique prenant appui sur les notions d’hybridité et de métissage ? Comme le faisaient les Surréalistes, il tend à provoquer des rencontres fortuites entre des lieux, des cultures et des mouvements artistiques très éloignés les uns des autres. Pour que, de ce choc surgisse l’imprévu et, avec lui, une ouverture possible sur l’opacité du monde.

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DENIS NININE , QUÉSACO « ECHO » ?

médiathèque du Lamentin, Guadeloupe,
13-28 mai 2016.

Ils sont artistes et jeunes. Ils sont passés par une Ecole d’Art, sont bourrés de talent et s’inscrivent, au sein de la jeune génération de plasticiens de Guadeloupe, dans un courant qualifié d’urban pop.
« Ils » ? Ce sont Ronald Cyrille, Samuel Gelas et Denis Ninine, lequel expose pour la première fois à la médiathèque du Lamentin, en ce joli mois de mai, alors que la rue se fait l’écho de revendications sociales. Tous trois vivent résolument dans un présent qu’ils jugent chaotique, rêvant d’un futur qui reste à inventer.
Publié sur le site d’AICA Caraïbe du Sud  le 5 mai 2015, Dominique Brebion, depuis la Martinique, écrivait, dans un article intitulé « La Caraïbe à l’heure du digital » : « La création plastique emprunte désormais deux voies inédites, celle du Street art et celle de l’art digital. » Matilde dos Santos ne disait d’ailleurs pas autre chose, deux mois auparavant, lors d’une conférence du CEREAP donnée le 17 mars 2015, même si elle privilégiait les seuls arts de la rue : « Le graffiti et le street art sont les deux versants majeurs d’un art urbain en pleine expansion ».

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 LES FRESQUES MURALES DE B BIRD OU QUAND L’ART FAIT LE MUR

Recherches en Esthétique, N° 23, "Art et Action", janv. 2018

Que peuvent bien représenter les murs d’une ville pour celui qui vécut jusqu’à l’âge de neuf ans une enfance sauvage auprès de sa grand-mère à Calibishie, petit village de la Dominique?

Situé au nord-est de l’île à proximité de la réserve Caraïbe où les derniers survivants des Kalinagos s’efforcent de maintenir des traditions et un mode de vie proche de la nature, Calibishie incarnera pour Ronald Cyrille, un monde disparu, celui de son enfance. Arraché brutalement à celui-ci pour se retrouver en Guadeloupe aux Abymes, puis en Martinique à l’école d’art de Fort-de-France, il dut certainement éprouver un choc. Il n’est que de songer au choc éprouvé par Saint John Perse lorsque celui-ci dut quitter la Guadeloupe pour se retrouver entre les murs du lycée de Pau, puis à l’université de Bordeaux afin d’y poursuivre des études de droit. A ceci près qu’au changement de paysage s’est ajouté, pour Ronald Cyrille, le passage d’une langue maternelle, l’anglais, à une autre langue, le français. 


Saint John Perse fera de Bordeaux, comme l’a montré Jack Corzani2, la métaphore de l’enfermement. Il n’aura de cesse d’éprouver la nostalgie du vert paradis de son enfance à travers ce qu’il nommera des « Images à Crusoé ». Une enfance privilégiée en contact, lui aussi, avec une nature luxuriante et sauvage dont il s’efforcera de retrouver la fraicheur des impressions éprouvées. Dans un poème, qu’il intitule précisément « Le Mur3 », il fait d’un « pan de mur » la métaphore de cet univers clos dans lequel il vit, en exil et comme emprisonné entre quatre murs. Le mur incarne alors tout ce qui peut faire obstacle à la résurgence des paysages de son enfance :

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STEEK ET TATANE 
DEUX JEUNES GRAFFEURS ENTRE QUATRE MURS

Galerie T§T, Baie-Mahault, Jarry, décembre 2015.

Les Arawaks gravaient des pierres sans prétendre faire œuvre d’art.
Les graffeurs d’aujourd’hui bombent le béton des murs de nos villes et se voient parallèlement invités dans des galeries d’art. Initialement illégal et contestataire, ce mode d’expression avait surgi au sein d’autres pratiques culturelles issues de la rue, le hip-hop et le rap. Existerait-il un mur entre deux pratiques apparemment antagonistes opposant la rue et la galerie ? Ce n’est pas simple car l’artiste reconnu et adulé est souvent, à l’origine, un marginal, un révolté, perçu comme un « troublion », synonyme de voyou. A l’image du poète Rimbaud dont le propos se démarquait déjà du Beau et du bon goût dont se réclamait l’Art à son époque. Aujourd’hui l’art contemporain intègre résolument ce qui, longtemps taxé de mauvais goût et relevant d’une contre culture, était considéré comme du non art.

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ENTRE IMPERMÉABILITÉ ET OUVERTURE AU HASARD

Les voies de la création contemporaine en Guadeloupe

(extrait) Ainsi, certaines créations s’efforcent-elles de rendre compte d’un monde soumis au hasard et perçu comme éphémère, « flottant » et instable. La technique des fluides qu’utilise Rosy Auguste, 25s’inspire des suminagashis japonais. Sur une surface rigide, elle déverse, successivement, différentes peintures préalablement liquéfiées par une adjonction d’eau ou de liant. Puis, par des mouvements d’inclinaison, 26 elle va orienter les coulées, sans toutefois pouvoir les contrôler totalement, cherchant à intervenir sur l’apparition de formes, la répartition et le mélange des couleurs. A la toute fin, elle aspergera sa peinture de gouttelettes, par dripping.
Le résultat, 27 tout en mouvement, donne une impression de vie, mais aussi d’instabilité et de tension entre des forces qui s’opposent. L’exécutante, le temps d’un corps à corps avec le hasard, semble avoir œuvré au surgissement, hors du chaos des eaux originelles, d’un monde impensé aspirant à trouver une forme.

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POOL ART FAIR 2016 UN BIG BAZ'ART

A deux encablures du M’ACTe,
la Guadeloupe met l’Art à la portée du Peuple..

Après Bouillante (2011), Gosier (2012, 2013) et désormais Pointe-à-Pitre, s’est tenu pour la 7ème année consécutive un événement désormais inscrit dans le calendrier culturel des manifestations qui font date en Guadeloupe. Un rituel de juin, convivial, faisant suite à un mois de mai généralement agité, et qui se situe entre les R.V. aux Jardins et la Fête de la Musique. Instaurant, à travers une Fête populaire dédiée à l’Art, un « Pool » qui permet à « Frères Indépendants » de tisser des liens entre la Guadeloupe, la Martinique, New-York et Miami.
Il a fallu, pour Thierry Alet, concevoir un dispositif architectural complexe, de façon à répartir les 1200 m2 du Terminal de croisière. L’objectif était d’accueillir au mieux les 63 « stands » ayant vocation à abriter plus d’une centaine d’exposants qui, par leur présence, vont témoigner de la vitalité de l’art en Guadeloupe. L’agencement astucieux de cimaises a permis d’isoler chacun des univers artistiques, tout en favorisant le passage de l’un à l’autre permettant une déambulation en quelque sorte initiatique. Ainsi conçu l’espace semble vouloir reproduire le dédale des ruelles et cours des quartiers populaires périphériques de la ville. A l’image de cet art urbain que met à l’honneur le visuel d’invitation choisi, une œuvre emblématique de Banksy, invité d’honneur. En témoigne aussi la présence de nombreux peintres se réclamant plus ou moins du street art et dont l’art se mêle à celui de jeunes graffeurs (Steek, Gwen B, Mizer, Meak, Obsek), eux aussi peintres à leurs heures.

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RONALD CYRILLE

"Odyssée ponctuelle", L'enfance retrouvée

Il expose une production d’œuvres d’une grande diversité qui va de 2012 pour l’une, à 2016 et même 2017 pour beaucoup. Des acryliques de très grand format aux couleurs très vives, des collages de papiers Canson découpés, associant les trois couleurs que sont le rouge, le noir et le blanc, des dessins au feutre et crayon de couleur, des œuvres utilisant au besoin le bombage sur papier photo Ilford
Ronald Cyrille ne s’interdit aucun domaine, aucune expérimentation. Il est un créateur touche-à-tout, un enragé d’activité, un poète qui inlassablement aborde le même sujet sous des angles et éclairages différents. Celui d’un monde imaginaire peuplé d’êtres étranges. Un univers fantastique qui emprunte ses personnages et symboles aux contes de l’enfance. Un univers fantastique dans lequel le bizarre est roi. Ronald Cyrille nous transmet sa nostalgie des « verts paradis » de l’enfance.

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LA GUADELOUPE, FELIE-LINE LUCOL ET LE RIP’ART

Recherches en Esthétique N°24, janvier 2019

(Extrait) Le ramassage d’objets auquel se livre Félie-Line Lucol relève du tri comme nous l’avons dit. Ces objets délaissés, déclassés, constituent des fragments « impurs » d’un environnement familier qui élimine tout ce qui cesse de remplir une fonction utilitaire. On peut imaginer qu’ils vont incarner métaphoriquement, pour l’artiste, les « laissés pour compte » d’une société ne reposant que sur le profit. Et c’est parce qu’il va être détourné de sa fonction utilitaire qu’il pourra se voir investi d’une fonction poétique. Le geste de l’artiste consiste, en premier lieu, à l’extraire de son invisibilité, de son néant. Une fois identifiée, il va pouvoir rejoindre la « série » à laquelle il appartient : canettes, boites de conserves, mais aussi roues de bicyclette, capsules de bière puis, à partir de 2016, bouteilles de plastiques transparentes ou colorées.
Cette phase de stockage qui constitue une condition préalable à la création s’effectue selon une classification et un dénombrement méthodique qui préfigurent un ordonnancement du chaos en un tout, lui-même soumis au foisonnement et à l’expansion. Plutôt que de procéder à des miscellanées, Félie-Line Lucol fera le choix d’exploiter les possibilités que lui offre chacune des séries ainsi constituées, en attente d’un assemblage dans son atelier. Un atelier dans lequel les objets s’entassent dans des caddies ou sur des rayonnages qui évoquent supermarchés et société d’abondance.

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AKA

La construction d’un univers artistique

(...) Ailleurs, une planche rescapée bien qu’à demi dévorée par le feu sert de support à une sculpture en grès. Celle d’un buste d’homme, démembré et sans tête. Au contraste des couleurs s’ajoute ici la rencontre hasardeuse de deux styles que tout oppose : l’arte povera pour le support et la statuaire grecque pour le buste. Ce torse vide semble avoir appartenu à un héros athlétique qui aurait ensuite disparu ne laissant de lui que cette empreinte corporelle. Comme une moulure mortuaire. Fixée à même la planche, ce buste n’est pas sans rappeler certaines pratiques destinées à conjurer le mauvais sort, et fait aussi penser à un ex voto. L’effet produit reste toutefois ambigu en raison de la présence indéniable d’humour dans une installation destinée, au final, à délivrer un message écologique. Un humour que l’on pourrait rapprocher des surréalistes, voire même de Marcel Duchamp. Intitulé « Dépendance », le buste se prolonge par un réceptacle, qui évoque davantage un urinoir qu’un cendrier destiné ici à recueillir les mégots de cigarettes du public.

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HUNT / ALET

Messe noire à l'Atelier Cilaos, avril 2011

Tout commence donc, à la nuit tombée, par l’entrée dans un petit jardin au charme aussi puissant que singulier. Une barque, chargée de plantes ornementales, étrangement nommée « La Mystérieuse » semble accueillir le visiteur, l’invitant à s’engager vers un Ailleurs, d’autres temps et espace…
Quelques pas plus loin, dans la lumière crue de l’atelier, des formes évoluent et se  devinent à travers la transparence d’un rideau plastifié. Il convient alors de franchir cette membrane pour avoir accès à ce qui constitue la matrice de l’atelier et où s’opère le « travail » (au sens étymologique d’enfantement) de la création artistique...

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EN OFF DE L’ARTOCARPE, DES ARTISTES S’EXPOSENT

VALDEM à la Galerie PLB,
un COLLECTIF de Z’ARTOCARPIENS sur you tube

L’ARTOCARPE est un collectif associatif dédié à l’art contemporain dont les membres s’interrogent : « Identifier ce qu’est l’art contemporain est parfois difficile de nos jours » dit la voix off de JMI PHILIBERT de la vidéo ouvrant la vidée « La cousine de Buren ». Qui décide de ce qui est ou n’est pas de l’art contemporain et des formes que celui-ci doit prendre en Guadeloupe ? Le fait d’exposer à l’intérieur de L’ARTOCARPE permet-il aux artistes membres d’adouber leurs œuvres du label « art contemporain » ? Peuvent-ils adhérer à cette structure en exprimant des réserves, voir des critiques à l’égard d’une forme d’art dans laquelle ils ne se reconnaissent pas toujours ? Enfin, s’ils exposent délibérément à l’extérieur de cette structure, comment interpréter leur geste et quelle incidence cela pourrait-il avoir sur la réception de leurs œuvres ?

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IMPOSANTES LÉGÈRETÉS

“revivance” des matériaux, Fort « Fleur d’Epée », GOSIER, nov 2013.

Petites mains et des idées à revendre, elles sont quatre « ripppeuses » –Félie Line Lucol la présidente, Laurence Roussas, Ruti Russelli et Christelle Urgin- qui collectent, assemblent et détournent des matériaux au rebut. Au sein d’un collectif : Rip Art.
Mais pourquoi avoir choisi comme titre de leur exposition, « Imposantes légèretés » ?
Une exposition superbe, ludique, drôle au premier abord. A voir absolument. Et à revoir au besoin. De préférence à la tombée du jour. Parce que ce moment est propice à la perception de  cet entre-deux, entre clarté et obscurité, où se niche l’hésitation entre ce qui apparaît comme réel, et ce qui relève de l’imagination. L’exposition devient alors plus « trouble », plus troublante.
Plutôt qu’« imposantes », les « Légèretés » qui nous sont dévoilées ne seraient-elles pas « Inquiétantes » ?

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MONTAGE ASSEMBLAGE

Comme Marcel Duchamp, mais pour des raisons différentes, beaucoup d’artistes de la Caraïbe, par réaction à une forme d’art venue de l’extérieur et perçue comme une forme de domination, rejettent la peinture sur toile et ce qui va avec, tout autant que la séparation des genres.  Ils préfèrent avoir recours à des éléments issus de leur environnement, naturel ou urbain, et s’autoriser à les combiner librement entre eux.

 Prenons, comme premier exemple, une œuvre relevant d’un « montage-assemblage », dans lequel des fragments détournés et mis en lien vont réaliser une ingénieuse « machina » au sens étymologique, c’est-à-dire une pure invention. Il s’agit d’une œuvre (sans titre), réalisée en mars 2012 par le Haïtien Sébastien Jean, pour l’exposition du Terra Festival au Lamentin, en Guadeloupe. Celle-ci était constituée d’éléments hétéroclites, ramassés au Moule et résultant à la fois du hasard et d’un tri sélectif : sommier à ressort, plaque de tôle endommagée, planches de bois, volant de voiture, rouleaux de fils de fer. Du choix du sommier découle une architecture qui impose, à la fois le redressement et la verticalité. Il ne peut échapper à quiconque que cette réalisation, « improvisée », sans projet préalable et réalisée avec les « moyens du bord », est néanmoins l’œuvre d’un artiste. En témoigne une composition formelle équilibrée : quatre cercles se combinent avec la verticalité des motifs de la tôle et l’horizontalité des planches. Ajouté à ces formes symboliques, l’assemblage d’éléments hétéroclites aboutit à une composition inédite, à la fois étrange et inquiétante. Au centre d’une tôle rougeoyante constituant un cadre, et dans une trouée entravée de ressorts, se détache, comme encagée (ou crucifiée), l’ébauche d’une silhouette sombre. Quand bien même Sébastien Jean prétendrait ne pas vouloir se réclamer du vaudou, il semble évident que son imaginaire relève d’une pensée magique, procédant par signes. Une pensée qui est aussi une pensée mythique, celle-là même que Claude Levi-Strauss, en 1962, définissait comme étant l’apanage de l’artiste, à la fois savant et bricoleur, et qui, à la différence de l’ingénieur, procède par intuition : « Et, de nos jours, le bricoleur est celui qui œuvre de ses mains, par des moyens détournés […] Or, le propre de la pensée mythique est de s’exprimer à l’aide d’un répertoire dont la composition est hétéroclite[i] ».

Réflexions à propos de quelques œuvres de trois artistes : Sébastien Jean, Eddy Firmin et Florence Poirier-Nkpa

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EDOUARD GLISSANT

« Mondialité ou les Archipels d’Edouard Glissant »,

                               19 avril – 27 septembre 2017

Bruxelles, Fondation Boghossian,villa Empain.

Edouard Glissant caressait de son vivant le projet, en Martinique, d’un Musée du Monde qui rassemblerait les arts visuels, le cinéma, la parole écrite et orale  afin de  chercher l’ordre dans le désordre dans la pensée du tremblement, la créolisation et l’opacité.    Il devait rassembler des œuvres de ses amis artistes et représenter la diversité de l’art issu des deux continents américains. Et concevait ce musée sur le modèle de l’archipel, comme un réseau d’interrelations entre des traditions et des recherches ouvrant sur l’inconnu.

            « J’imagine plutôt le musée comme un archipel. Ce n’est pas un continent, c’est un archipel [i]», rapporte Hans Ulrich Obrist.

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SAMUEL GELAS

Dessine moi un mouton…et, de son pinceau,
surgissent des loups-garous et autres créatures thériantropiques.

Samuel GELAS est un jeune artiste de 28 ans, au look BCBG de grand garçon sage, qui s’est fait découvrir, lors du premier volet de l’exposition ARTBEMAO 2013. Il revient à la médiathèque de Baie-Mahault, un an après, pour une exposition en solitaire intitulée « SPECIMEN ». Une exposition-choc, dérangeante, qui pourrait être perçue comme terrifiante si l’artiste, tel un Sage, ne l’avait tempérée par une bonne dose d’humour.
Appliqué aux humains, un « spécimen » désigne un individu « qui donne une idée de l’espèce à laquelle il appartient ». Le mot désigne l’exemplaire d’une série. Il s’agit donc, avec cette exposition, d’une représentation à valeur symbolique de « types » humains. Notons aussi qu’un « drôle de spécimen », désigne, de nos jours, par antiphrase et de façon négative, un individu dont le comportement semble douteux. Et pas du tout exemplaire, pour le coup !....

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TRANSGRESSION

L'Ange, la croix et le sacré

(...) Aux Antilles françaises, le Code Noir imposa aux maîtres le devoir d’instruire leurs esclaves dans la religion catholique. Les maîtres y virent un bon moyen de maintenir ces derniers dans la soumission. L’évangélisation, effectuée sous la contrainte, s’est greffée sur un attachement profond au sacré et sur la perception d’un monde habitée par des esprits. Ainsi, tout en croyant fermement à l’existence invisible d’anges gardiens, à la fois protecteurs, guides et intercesseurs entre lui et son Dieu, le petit Antillais apprend qu’il existe un monde invisible d’esprits qu’il place souvent au même rang, soucougnans, volants, zombis et autres esprits des morts souvent dangereux. L’univers des vivants cohabite avec celui des morts...

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 UN MUSÉE D’ART EN GUADELOUPE

Colloque du CEREAP "CREATION et INSULARITE", Guadeloupe, nov 2014

En 1832, Lamartine, séjournant à Athènes, notait dans son Voyage en Orient : « Je suis las des musées, cimetière des arts ».


Certes, il ne s’agissait pas alors, pour Lamartine, de musées d’art mais d’un musée national archéologique, le Théséion, qui vit le jour au lendemain de la guerre d’indépendance grecque en 1830. Il est tout aussi vrai que la situation de l’institution muséale, remise en cause depuis le XIXème siècle, a considérablement évolué.  En qualifiant le musée de « cimetière des arts », Lamartine entend par là qu’il s’agit d’un lieu clos, coupé du monde extérieur, dans lequel les œuvres exposées sont devenus des objets inertes. C’est à leur propos que le poète aurait pu s’interroger : « Objets inanimés, avez-vous donc une âme… »? »


Ne doit-on pas s’étonner de la posture opposée adoptée par nombre de plasticiens de Guadeloupe qui, se disant souffrir de l’absence de tels établissements, revendiquent à grands cris que soit créé de toute urgence, à l’image de ce qui se fait dans d’autres îles de la Caraïbe, un musée d’art ? Une telle revendication se justifie-t-elle ?

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ALI TUR

S’approprier un patrimoine colonial

Ali Tur est peu connu en Guadeloupe.
Il est aussi trop souvent l’objet d’un malentendu et, en raison, de cela injustement dénigré.
S’il a réalisé, entre 1929 et 1935, les plans de nombreux bâtiments destinés à incarner sur le territoire de la Guadeloupe la présence du pouvoir colonial, doit-on pour autant considérer que ces bâtiments sont l’illustration d’une architecture « coloniale » ?
Ne peut-on reconnaître –et il serait certainement grand temps de le faire- qu’il a su, tout en s’inscrivant dans un art de vivre aux Antilles, redessiner le paysage urbain de la Guadeloupe en le faisant entrer de plain pied, sans brutalité et sans excès, dans la modernité ?
Sophie Paviol, architecte d’origine guadeloupéenne et historienne d’art à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble vient de publier un petit ouvrage destiné à sensibiliser la population et les politiques sur la valeur architecturale d’un patrimoine qu’elle estime devoir être à protéger d’urgence, à restaurer lorsque cela est encore possible et à valoriser. Un patrimoine dont il convient que s’enorgueillisse la Guadeloupe. Il s’agit bien pour Sophie Paviol d’un ouvrage certes pédagogique, mais aussi engagé. Une « Défense et illustration » de monuments en péril, d’une part. Un défi à relever d’autre part. Celui qui consiste à amener le Guadeloupéen à s’approprier une architecture qui, bien qu’imposée de l’extérieur pour se substituer à un modèle « traditionnel », constitue une création originale parfaitement adapté aux conditions climatiques de cette région et aux modes de vie de ses habitants.

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THIERRY EST ALET À MARIE GALANTE...

"Chez Henri", 29-30 octobre 2009

Thierry ALET est un artiste guadeloupéen qui vit et travaille à New-York, se fantasmerait bien Haïtien et se définit Caribéen. En mai-juin 2009, il exposait ses dessins cathartiques à la Fondation Clément en Martinique.
D’avril à juillet, quelques unes de ses oeuvres figuraient parallèlement à la galerie JMArts et à l’exposition du Parc de la Villette, à Paris, Kreyol Factory. En août, le voilà à Saint-Louis de Marie-Galante, en résidence d’artiste « Chez Henri » où le public vient d’être invité les samedi 29 et dimanche 30 à découvrir son travail. C’est assez dire que la créolité que Thierry ALET revendique est une créolité ouverte, arborescente et rhizomique. Et c’est à Marie-Galante, haut lieu de légendes remontant à la période de l’esclavage, qu’il a choisi, ce samedi 29 août, de mettre en scène de façon théâtrale cette identité créole. L’artiste dispose d’un mur, recouvert d’une voile blanche de bateau et va, le temps d’un concert de jazz (donné par le groupe bien nommé ALCHIMIK), réaliser une fresque hallucinée qui fait surgir un univers nocturne et fantasmagorique, des plus inquiétants. Des événements terrifiants, comme enfouis au plus profond de la mémoire, émergent et prennent forme, obéissant à une force obscure.

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MICHÈLE ARRETCHE, SAINT-JOHN PERSE ET LES RATIÈRES

 habiter poétiquement le monde.

Qu’a à voir le prosaïsme des « ratières » avec la poésie de Saint-John Perse ?
Toutefois le crabe, au même titre que les blattes (les « ravets »), se faufile parfois dans l’univers poétique de Saint-John Perse. Comme une réminiscence du vert paradis de son enfance et comme un intrus. Connoté négativement, il est présenté comme un assaillant dévastateur de l’« habitation ». En témoigne cet extrait de Vents (II, 4) : « Les migrations de crabes sur la terre, l’écume aux lèvres et la clé haute, prennent par travers des vieilles Plantations côtières enclouées pour l’hiver comme des batteries de Fédéraux ».
La chair de ce crabe de terre, très appréciée en Guadeloupe tout autant qu’en Martinique, a donné lieu à une pratique de capture qui s’opère à l’aide d’une boite en bois, munie d’une porte amovible. Un mécanisme très simple, actionné par une ficelle et une grosse pierre, permet à la porte de se refermer sur le crabe, qui se retrouve alors pris comme un rat. D’où le nom de « ratières » que les Martiniquais donnent à ce piège...

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MARON'ART

Stratégies de maronnage en Guadeloupe

(...) Les marrons, dans les systèmes esclavagistes (Antilles, Guyane et La Réunion), désignaient les esclaves qui s’enfuyaient des plantations pour aller se cacher dans les bois et y vivre en liberté. Le mot semble avoir été emprunté aux Arawaks d’Haïti qui désignaient du terme de cimarrón des animaux domestiques retournant à l’état sauvage. Par glissement, à partir du XVIIème siècle, on désignera ainsi ceux, Blancs « engagés » puis esclaves africains, qui se libèrent de l’état de servilité dans lequel ils sont réduits pour retourner à l’état de nature1. Connoté positivement dans les Antilles françaises, le neg mawon est devenu une figure mythique de l’imaginaire collectif2. Il est aujourd’hui l’objet d’une idéalisation à caractère identitaire...

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MICHEL GOGNY-GOUBERT

un adepte du “réalisme poétique” en photogtaphie

Si Michel Gogny-Goubert ne dévoile qu’aujourd’hui une partie de ses œuvres, son intérêt pour la photographie est très, très ancien. Pourquoi ce « scientifique », libéré de ses contraintes professionnelles, ne pourrait-il aujourd’hui s’inventer une autre identité et se rêver « artiste » ?
Désormais Michel Gogny-Goubert a opté pour le numérique. Mais reste attaché à une pratique photographique de type artisanale, celle du « tout main », depuis les prises de vues jusqu’aux agrandissements et encadrements, en passant par les impressions sur papier. Michel Gogny-Goubert est un perfectionniste qui ne s’interdit pas d’avoir recours aux possibilités offertes par la technologie moderne, tout en refusant délibérément les trucages. Esprit scientifique, il aime la précision quasi chirurgicale. Mais parce qu’il est aussi un être sensible il poursuit un idéal dans lequel la Beauté réside dans ce supplément –certains diront « d’âme »- que l’homme apporte à la restitution du visible. Un Idéal que les Grecs nommaient poïesis, et que nous appelons création artistique.

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BÉATRICE CLERC, L'ÉNIGME DU SILENCE

« Là où tu n’arrives plus à t’exprimer avec la langue commence la peinture. Quand tu peins tu chasses les mots et les concepts. Une fois la peinture achevée, tu l’accroches et tu la regardes longuement. Quand tu en es satisfait tu lui donnes un titre. »

Gao XINGJIAN. Pour une autre esthétique

L’ensemble de toiles réalisées par Béatrice CLERC entre 2009-2011 a de fortes chances de dérouter le spectateur par le caractère insolite d’une démarche plastique apparemment très éloignée des préoccupations et productions contemporaines guadeloupéennes. Chercher la singularité d’un artiste impose au critique de procéder par empathie. Il se doit, pour s’approcher au plus près de l’univers personnel d’un peintre, de chercher à identifier et comprendre la « langue » de l’autre.

  « Trouver une langue » pour exprimer ce que les mots ne peuvent dire, l’indicible, fut la préoccupation majeure de RIMBAUD. Le poète qui se voulait « voyant » tenta d’inventer, avec « Voyelles », un système de correspondances entre les sons et les couleurs.  Le travail plastique de Béatrice CLERC relève d’une démarche similaire, si ce n’est qu’il s’agit plutôt de rendre compte de ses sensations et émotions par des couleurs.

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MANIFESTE POUR UN ART ACHIPÉLAGIQUE

exposition collective du 12 au 23 avril 2013 à l’occasion du Terra Festival.

Le Terra Festival est un festival cinématographique consacré aux interactions que l’homme entretient avec son milieu naturel. Ce festival qui se déroule chaque année depuis dix ans en Guadeloupe évoque les nombreuses menaces qui planent sur notre planète, la Terre. Mais il renvoie également à une Terra particulière. A un espace géographique discontinu, fragmenté mais néanmoins en réseau, un espace dont la Guadeloupe fait partie et qui se compose d’un ensemble d’îles. A travers la diversité des langues et des cultures de chacune de ces îles peut se lire, en raison d’une histoire qui leur fut commune, l’appartenance à une même famille, la Caraïbe. Un espace de terres émergées, délimitées par la mer, qui s’oppose à d’autres terres, continentales. Ces territoires, isolés et longtemps sans rapports directs les uns avec les autres, sont restés longtemps un espace flottant dans l’imaginaire de populations qui, en raison des origines de leurs ancêtres, se sont tournés plus spontanément vers l’Europe l’Afrique, ou même l’Asie que vers leurs voisins immédiats.
 L’exposition exceptionnelle proposée au public à l’occasion du 10ème anniversaire du Terra Festival, rend parfaitement compte de cette tension et de cette aspiration à une identité « instable, mouvante, créatrice, fragile, au carrefour de soi et des autres. Une Identité-relation » pour reprendre les termes d’Edouard Glissant qui, loin de déboucher sur l’enfermement et le repli sur soi, a vcation à s’ouvrir à la « diversalité » et aux échanges.

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Galerie T§T, Jarry, janvier 2013

Quel printemps se lève au sein des plasticiens de Guadeloupe pour que ceux-ci passent brusquement de la thématique du corps meurtri et souffrant à celui du corps désirant? Verges et vagins fleurissent brusquement à un mois d’intervalle, dans deux expositions presque simultanées.
Fin novembre, Kelly SINNAPAH MARY expose, seule, à la galerie T§T de Basse-Terre… Sous le titre  Vagina, son installation nous dévoile un univers intime et secret, celui de fantasmes spécifiquement féminins. Sous l’apparence fleurie de tissus d’ameublement en rose et bleu, le sexe fort y est parfois mis à mâle. Comme cette chaise, bancale, revêtue d’une veste d’homme métaphore de l’absent qui est comme saisi « au panier » par une main féminine. Programmé par avance au lit matrimonial qui l’attend. Ce sont ces mêmes petites mains qui ont œuvré à la réalisation de ces ouvrages traditionnels de dames que sont dentelles et broderies.

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Hôtel Fleur d'Epée, Gosier du 1er au 3 juin 2012

Le temps de trois journées complètes, les 1er, 2 et 3 juin derniers, le jardin, le hall et surtout les 37 chambres du rez-de chaussée de l’Hôtel Fleur d’Epée, à GOSIER, ont été détournées de leur fonction initiale pour être investies par des artistes qui en ont fait des sanctuaires de l’Art. A moins que l’on y voit, à l’inverse, une opération visant à désacraliser l’Art en substituant à l’espace du Musée celui de la Chambre, instaurant ainsi un rapport plus familier et, pour tout dire, plus intime avec l’Art. Le but n’est-il pas aussi de détourner le regard du touriste occupant ces « chambres avec vue sur la mer », pour lui montrer une autre réalité, à mille miles des images de cartes postales que lui suggèrent les dépliants touristiques ? La réalité qui est montrée est alors celle d’une île, foisonnante d’imagination et de créativité, ayant choisi de s’engager dans la voie d’un art contemporain qui permette aux artistes de « changer en échangeant avec l’autre sans pour autant se perdre », comme dirait le poète et philosophe GLISSANT...

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Résidence d'artiste, L'ARTOCARPE, Le Moule, avril 2012

« Au clair de la lune, près de la mer, dans les endroits isolés de la campagne,
l’on voit, plongé dans d’amères réflexions, toutes les choses revêtir des formes jaunes, indécises, fantastiques ».
LAUTREAMONT, Les Chants de Maldoror,

Peintre et sculpteur, Sébastien JEAN est un jeune artiste haïtien audacieux qui cultive ses chimères. Sans se soucier véritablement de plaire. Adepte d’un art contemporain dérangeant, il a fait le choix de rendre compte de la réalité telle qu’il la perçoit, en visionnaire. D’ailleurs, lui-même ne se qualifie-t-il pas, malicieusement, de « fou » pour définir une pratique qu’il veut entièrement libre ?

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CRÉATIONS INSULAIRES

Recherches en Esthétiques N°20,

Je remercie Dominique Berthet de la confiance qu’il me témoigne en me sollicitant, pour la seconde fois, afin de présenter, aujourd’hui, le n° 20 de la revue du CEREAP Recherches en esthétique, consacrée aux « créations insulaires ». (...)
 Quelle démarche « arbitraire » ai-je donc adoptée pour procéder à la lecture de ces quelques 25 articles formant un ensemble de 276 pages ?
J’ai immédiatement pressenti, à la lecture du sommaire que cet ensemble de textes esquissait la carte d’un Nouveau Monde, uniquement composé d’îles. Que chaque article fonctionnait comme une île ayant vocation à être reliée aux autres, à la façon d’un archipel. Et que cet « archipel de pensées » invitait au voyage et à la rencontre. Je me suis alors sentie autorisée à effectuer lecture elle-même nomade, « en archipel », traçant des itinéraires en tous sens, à la rencontre de l’Autre ?

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LES PHOTOGRAPHES ET LE RÉEL.

En Guadeloupe, trois expositions récentes de photographies témoignent, à travers la spécificité de chacune d’entre elles, d’une réflexion commune quant aux regards que les photographes désirant accéder au statut d’artistes portent sur le réel. A commencer par ce premier constat : ce n’est pas la lumière crue du jour qui les attire, mais celle, plus trouble (et combien plus troublante) de la nuit...

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Exposition salle Remy Nainsouta, février 2012

Alex BOUCAUD est un artiste autodidacte qui vient d’exposer à la salle Rémy NAINSOUTA de Pointe-à-Pitre, en ce début février 2012, une cinquantaine de sculptures, fruits du travail des trois dernières années. A la différence des sculpteurs haïtiens il ne travaille pas le fer, bien que toutefois, comme les artistes de la Grand’rue de Port-au-Prince, il soit lui aussi adepte d’un art de la récupération. Donnant une seconde vie aux arbres abattus par les services de la voierie de Sainte-Anne.
C’est l’univers parfois drôle, parfois inquiétant d’un marron ensauvagé qu’il nous livre, avec ses totems guerriers et ses mas horrifiques, sculptés à même le bois à la tronçonneuse. Selon une technique de « sauvage », refusant les maillets, gouges et autres outils d’une pratique enseignée et codifiée. Un artiste allemand contemporain, Georg BASELITZ vient d’exposer au Musée d’Art moderne de Paris, en utilisant la même technique, pour retrouver les gestes d’un art, dit « premier », auquel GAUGUIN de son côté avait aspiré. Le maniement de la tronçonneuse permet à Alex BOUCAUD de donner forme, de façon extrêmement rapide, à un imaginaire qui l’habite.

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PARUTION

Esquisse d'un Musée imaginaire

(...) La publication de cette Anthologie de la peinture en Guadeloupe fera date, nous n’en doutons pas quelles que soient les critiques qui ne manqueront pas de lui être faites. Elle fera date également comme une publication ayant rendu compte d’un état donné de la peinture en Guadeloupe, à un moment précis, en 2009. Certes, il s’agit d’un livre orphelin et nous ne pouvons que le déplorer, mais il s’agit néanmoins d’un  livre sur lequel de très nombreuses bonnes fées se sont penchées. Nous ne pouvons que nous réjouir du constat que cette peinture, caractérisée par le métissage des cultures, est abordée sous l’angle de réflexions multiples, historiques, sociologiques, artistiques, esthétiques.  Donnant à lire des Essais en quelque sorte, les textes s’efforcent de tisser des liens entre les arts ou avec la société. 

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JEAN-MARC HUNT / KELLY SINNAPAH : DANS LES JUNGLES CONTEMPORAINES.

Atelier CILAOS, Baie Mahault, novembre 2011

« La peinture de LAM n’est ni nègre (…) ni chinoise, ni amérindienne, ni hindoue (…), ni «universelle (…). La peinture de LAM lève en nous le lieu commun des imaginaires des peuples, où nous nous renouvelons sans nous altérer ».
Edouard Glissant.
Tout le monde a en mémoire le tableau intitulé « la jungle », que Wifredo LAM a peint à son retour à Cuba, en 1943, après son passage, en compagnie d’André BRETON, par la Martinique où il rencontra CESAIRE. Peinture qui fut, à juste titre, considérée comme le « premier manifeste plastique du Tiers-Monde ».
Quel rapport les « Œuvres récentes » que Jean-Marc HUNT et Kelly SINNAPAH viennent conjointement d’exposer, les 19-20 novembre derniers à l’Atelier CILAOS de Baie-Mahault, entretiennent-elles avec cette œuvre à la fois surréaliste et emblématique de l’émergence d’un art caribéen ?
Le choix des deux artistes s’est manifestement porté sur des paysages. Si, pour l’un, il s’agit de paysages urbains renvoyant à toute une culture underground contemporaine, les paysages de l’autre nous plongent dans l’univers bien particulier d’une Forêt magique, pleine de maléfices. Dans les deux cas et bien que s’agissant de deux univers très spécifiques, leur mise côte à côte révèle, par contagion, des similitudes et des effets de sens imprévus.

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SEBASTIEN MEHAL

Le choix du lieu : Est-il exact de dire que l’exposition se déroule dans un « garage » ? Ne conviendrait-il pas mieux de convenir, l’espace d’exposition étant largement ouvert sur la rue (presque une ruelle), qu’il y a volonté de mettre en lien deux espaces différents. La rue se prolongeant par le garage, et vice et versa. Aucune frontière ne vient séparer le dedans du dehors, l’espace privé (celui du garage) et l’espace public (la rue). Si l’un est un lieu de circulation, de rencontres (mais aussi de manifestations populaires), l’autre est à l’opposé un lieu fermé, destiné à protéger la propriété la privée (la voiture d’un individu) et/ou à entreposer différents objets, des outils de bricolage en particulier. Deux espaces éminemment emblématiques dont s’empare Sébastien MEHAL selon une démarche artistique qui se propose de rendre compte d’un paysage urbain antillais très spécifique. Paysage qui, aux dires de l’artiste, n’existe déjà plus que dans la mémoire (individuelle et collective), et auquel il entreprend de redonner vie.

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ART ET HASARD

De Mallarmé à Soulages, réflexions à propos d'une poïétique du hasard

Parler d’autonomie de l’art, eu égard à une réflexion portant sur la réception, c’est reconnaître que l’œuvre, une fois achevée, échappe à son créateur. Mais la résistance dont il est ici question est aussi celle qui s’effectue au niveau de la création. Elle s’oppose à un engluement dans le réel environnant, dans le représentable connu, au profit de l’inédit, de ce qui n’a encore jamais été montré, et que l’artiste va « révéler », au sens presque photographique du terme, en rendant visible une image latente. De fait, créateur et critique peuvent revendiquer une même démarche, celle consistant à s’écarter d’un objet – que celui-ci appartienne au réel environnant ou qu’il s’agisse d’une production artistique – pour en révéler un aspect caché. L’art est « autonome », il ne reproduit pas la réalité, mais engendre des « mondes possibles, imprévisibles, improbables », au moyen d’associations qui procèdent « à la manière du rêve » c’est-à-dire en procédant à des combinaisons insolites d’éléments détournés de leur usage courant. L’artiste cherche, dans chacune de ses œuvres, un agencement signifiant d’éléments non encore réalisées, mais possibles. En créant de la sorte une fiction, il devient poète, c’est-à-dire capable de donner forme à autre chose que l’existant, de donner vie à une autre réalité possible. L’art s’apparenterait-il à un jeu des probabilités ?

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HADE MADE FACTORY

L’art contemporain à Saint Martin : Yes we can!

Une jeune association, HMF (head made factory), a fait le pari de lier tourisme et art. Pour ennoblir le développement d’un touriste XL à grande échelle mais frôlant parfois le X.  Il s’agit de proposer un tourisme différent qui, tout en cherchant à développer l’économie locale, a prévu de mettre en valeur le potentiel créatif de sa population. Un potentiel riche de rencontres multiculturelles. Le projet offrira à la jeunesse l’opportunité d’une revalorisation de l’image de soi trop souvent dégradée.(...) Parallèlement à des tables rondes (...) une exposition a révélé le travail de onze jeunes plasticiens s’adonnant à l’art contemporain. Onze artistes issus d’horizons les plus divers, à l’image de la population saint-martinoise. La contrainte qui leur était imposée était de créer des œuvres originales répondant à la question « Hey you ! what do you see ? ». Difficile, dans une opération s’affichant comme une « Invitation au voyage », d’évoquer l’envers d’un décor où  tout ne serait pas  « qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté ».

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FÈ É PO

L'univers trouble de François Piquet

(...) Cette association de deux matériaux aussi opposés que « le fer » et « la peau » est pour le moins troublante. La dureté et à la froideur d’un matériau tel que le fer, tranchant, coupant, évoque à la fois l’inhumanité des machines (qui broient), la contrainte (les fers) et la barbarie (l’âge de fer). Le fer constitue aussi une menace face à la vulnérabilité de la peau, mince pellicule enveloppant les chairs de corps d’autant plus fragiles qu’il s’agit de mounpapyé...

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CRÉATIONS INSULAIRES

Français d'Outremer, Créoles, Antillais ou Caribéens... Quelle posture les artistes de Guadeloupe empruntent-ils ?

En Guadeloupe l’artiste dispose d’une palette de termes pour désigner sa singularité : du plus restreint aux simples dimensions de son île, « guadeloupéen », à des termes ouvrant sur des vastitudes maritimes, « caribéen » ou « ultramarin », en passant par des désignations plus ambigües telles que « créole » ou « antillais ». Cette pluralité serait-elle la marque d’une personnalité éclatée, fragmentée, flottante, en quête de structuration ? Ou à l’inverse incarnerait-elle le dynamisme d’une identité nouvelle, reflet de cet espace archipélagique émergent? Si l’insularité et les conflits coloniaux ont pu inciter les populations issues d’horizons divers au repli et à l’enfermement, la conscience d’une histoire partagée les invite au rapprochement, au sein d’un vaste ensemble désormais ouvert.

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CONFÉRENCE T§T

 Moi, Scarlett J., femme de Lettres et critique d'art.

La commande qui m’a été faite est des plus claires. Il m’a été demandé de parler de ma conception de la critique d’art, des motivations qui sous-tendent cette activité et des choix qui m’ont portée à écrire sur un certains nombre d’artistes. Consciente du fait que l’on me demande, en fait, de me livrer à un exercice périlleux celui, consistant à se justifier, exercice qui relève de la « Confession », j’ai donc donné à ma communication, en référence au best seller de Kai HERMANN, le titre « Moi, Scarlett J., femme de lettres… et critique d’art ». Dans cet ordre...

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BAUDELAIRE CRITIQUE

"Du cri à l'écrit critiique", 1845-1846, les années décisives de Charles Baudelaire

"Tous les grands poètes deviennent naturellement critiques. Je plains les poètes que guident les seuls instincts, je les crois incomplets" (in R. Wagner et Tannhauser). En dépit de cette  déclaration datant de 1861 et donc effectivement postérieure aux Fleurs du mal, Baudelaire a d'abord été connu, chronologiquement, comme critique avant de l'être comme poète. Bien que moins lue du grand public, son oeuvre critique est quantitativement beaucoup plus importante que son oeuvre poétique...

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ŒDIPE ET LE SPHINX

De l'appropriation d'un mythe littéraire dans la peinture du XIXème siècle

(...) Le mythe -comme l'a analysé Mircéa Eliade dans son ouvrage Aspects du mythe-, est avant tout un récit symbolique. Il est caractérisé par la dualité puisque sa forme relève d'une inspiration à la fois populaire et philosophique...

Recherches en esthétique N°2, "Appropriation", 1996.

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ROMANS ET PEINTURE

De quelques romans caribéens et de la relation "critique" qu'ils entretiennent avec la peinture.

Un premier constat s'impose : le roman caribéen entretient des relations plus visibles avec la danse et surtout avec la musique qu'avec la peinture. Néanmoins, quelques exemples empruntés à des ouvrages de littérature de langue française, anglaise et espagnole montreront l'importance et la cohérence que cette dimension réflexive apporte à la constitution d'un univers romanesque...

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CORPS PERDU

Histoire d'un corps à corps Picasso-Césaire

L'association Picasso-Césaire en 1950, pour la publication de Corps perdu, n'a rien d'étonnant. Outre qu'ils viennent l'un et l'autre du parti communiste, nous savons que dès 1907, à l'époque où il réalisa Les Demoiselles d'Avignon, Picasso portait déjà le plus grand intérêt aux dits dits "nègres", d'Afrique et d'Océanie, au contact d'un autre poète : Guillaume Apollinaire...

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PAUL ET VIRGINIE

Images d'un ailleurs : couvertures du roman dans différentes éditions de poche

Avec le récit de Paul et Virginie, « l’Ailleurs » que Bernardin de SAINT-PIERRE propose à ses contemporains est très éloigné du monde dans lequel ceux-ci évoluent. Géographiquement, son action se situe, loin de l’Europe, dans une île : l’île de France, devenue aujourd’hui île Maurice. Economiquement, cet ailleurs où le bonheur consistera à vivre « selon la nature et la vertu », repose paradoxalement sur un système esclavagiste qui en constitue l’arrière fond. Ce court roman paraît en 1788, un an avant la Révolution, mais 26 ans après l’Emile de Jean-Jacques ROUSSEAU et 63 ans près l’Ile des esclaves de MARIVAUX...

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CLAUDE SIMON

La Route des Flandres : au croisement de la peinture flamande et de la modernité

Quel rapport La Route des Flandres entretient-il avec la peinture ? Ou mieux encore : quelles traces picturales le lecteur rencontre-il dans son parcours de lecture ? Plus qu'un roman historique, La Route des Flandres est un roman de la mémoire, "une recherche du temps perdu". Georges, qui, en mai 1940, a assisté à la mort de son capitaine et lointain cousin de Reichach, tente des années après d'élucider cette mort restée à ses yeux très énigmatique. Par le biais de sensations présentes...

cf : Recherches en Esthétique N°4, "Traces",p. 69-77

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DISTANCES

De la distance dans les rapports entre littérature et peinture : petite "approche" en x tableaux.

Le langage trahit des interférences entre l'écrit et l'image. On dit souvent d'un tableau qu'il nous parle, ou que l'on voit bien ce qu'une description évoque. On entend parler - à propos de la peinture - de poésie muette, tandis qu'un poème, de son côté, sera qualifié de tableau parlant.. Reconnaissons-le : il n'est pas facile de situer les écrivains et les peintres les uns par rapport aux autres. Il existe, en effet, des peintres bavards qui sèment des mots dans leurs toiles ou accompagnent celles-ci de titres explicatifs...

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SALOMÉ DANSANT

Gustave Moreau, Joris-Carl Huysmans et la Bible : petit chassé croisé de la littérature à la peinture

Imaginons une figure poétique composée de quatre points qui seraient reliés deux à deux pour former un X, figure du chiasme ou disposition opérant par reprise et inversion. Cet hybride reposerait alors sur le principe de l'anamorphose et consisterait à s'intéresser à une représentation initiale et à ses allers et retours de la littérature à la peinture, puis de la peinture à la littérature  et ainsi de suite... jusqu'au point de fuite où se situerait la "vision" finale de cette construction architecturale (...) Or il se trouve que cet X, figure de l'inconnu et figure de croisements tout à la fois, peut être étudié à travers  une "scène des origines" que J.K. Huysmans expose, en 1884, dans un roman au titre hautement symbolique, A Rebours. Quelles seront donc les étapes du parcours labyrinthique exposé et quel sera l'enjeu de la "quête" effectuée?

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LA GESTE NOIRE

THIERRY est ALET à MARIE-GALANTE

            Dimanche soir 30 novembre, nous restons dans le monde magique des légendes pour le vernissage de l’exposition inaugurale de la résidence d’artiste de Thierry ALET. L’exposition s’inspire d’une esclave africaine ayant vécu au XVIIème siècle, au royaume de Pamares, au Brésil. Michèle CAZANOVE a raconté son histoire dans un ouvrage, initialement publié sous le titre La Chanson de Dendera. Il vient d’être réédité tout récemment, chez l’Harmattan, sous titre La Geste noire. Les peintures de Thierry ALET ont toujours témoigné d’un lien très particulier avec l’écriture, mais aussi avec la littérature comme en témoignent les séries réalisées sur des poèmes de DAMAS ou ses fresques à partir de textes de SAINT-JOHN PERSE et surtout de CÉSAIRE.

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ELOGE DE LA RENCONTRE

Présentation de l'ouvrage de Dominique Berthet sur André Breton

(...) BRETON, en partance vers les Amériques, cherchait à retrouver dans leurs lieux d’origine, les conditions ayant produit les mythes collectifs premiers, afin de réenchanter le monde et de « changer la vie » ; son exil fut l’occasion de rencontrer dans ces mêmes lieux, un créateur capable de rendre universelle sa  propre mythologie de poète. « Orphée noir », la parole lyrique que Césaire profère, dans une tension paroxystique,  opère la magie de parler pour tous, donnant sa voix à ceux qui sont sans voix dans l’émergence d’un monde régénéré.

            Le titre choisi par Dominique BERTHET pour son essai suscitait le désir d’une lecture défricheuse. Le recueil fermé, un autre désir surgit : celui de se laisser emporter très loin, par la magie des mots dans une relecture des œuvres de BRETON et de CESAIRE.

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